Congo
La liberté provisoire accordée à Ghys Fortuné Dombé-Bemba est loin de satisfaire totalement le Comité de protection des journalistes (CPJ). L’ONG veut d’une liberté définitive synonyme de l’abandon total des charges contre le journaliste qui vient de passer 18 mois derrière les barreaux.
Ghys Fortuné Dombé-Bemba est libre. L’ancien directeur de l’hebdomadaire « Talassa » a été libéré le mardi 3 juillet dernier. Ce, après un séjour de 18 longs mois à la Maison d’arrêt de Brazzaville pour « atteinte à la sûreté de l’Etat en lien avec Monsieur Frédéric Bintsamou dit Pasteur Ntumi ».
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Arrêté le 11 janvier 2017 à Brazzaville, Ghys Fortuné Dombé-Bemba avait fait les frais de la publication par son organe d’un message « à la Nation » de Ntumi. Ce dernier était poursuivi par l’État du fait de la guerre déclenchée en avril 2016 à la veille de la publication des résultats de la présidentielle entre sa milice Ninja et la Force publique, dans le département du Pool aux environs de Brazzaville.
« Comment a-t-il fait pour recueillir son message, alors que Monsieur Ntumi est recherché par la justice ? », déclarait le procureur de la République, André Oko-Ngakala, à la chaîne de télévision nationale pour commenter le communiqué de presse annonçant l’arrestation du journaliste.
Des ONG de défense de la liberté de la presse et des droits humains avaient quant à elles dénoncé une détention « arbitraire », car le message publié par Talassa « traînait » sur internet depuis des semaines.
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Dix-huit mois, la justice a décidé de le libérer. Un bon motif de satisfaction. « La libération de Ghys Fortuné Dombé Bemba de sa détention à Brazzaville est attendue depuis longtemps, car il n’aurait pas dû être emprisonné en premier lieu », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du Comité de protection des journalistes (CPJ).
Talassa sera-t-il de nouveau au kiosque ?
Or, ce n’est qu’une liberté provisoire. Et surtout sans jugement. Le journaliste pourrait donc retourner en prison. Les avocats du journaliste et le CPJ en appellent ainsi à l’abandon des charges. « Aucun journaliste ne devrait être détenu ou arrêté dans le cadre de ses reportages et encore moins détenu pendant plus d’un an sans inculpation », selon Jean-Philippe Esseau, avocat.
Republic of #Congo releases Bemba after nearly 18 months without chargehttps://t.co/6SgGP0Zmfr
— Committee to Protect Journalists (@pressfreedom) 4 juillet 2018
La balle est désormais dans le camp de la justice congolaise qui selon des observateurs aurait du mal à réunir les éléments à charge contre Ghys Fortuné Dombé-Bemba.
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Mais, quand bien même il peut être définitivement libéré, Ghys Fortuné Dombé-Bemba pourrait avoir de sérieux problèmes d’ordre économique, car Talassa, l’une de ses sources de revenus, avait été interdit de publication en janvier 2017 par le Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC) officiellement pour « délits de presse récurrents ».
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